Tania Head avec l’ex-maire de New York Rudy Giuliani.
L’histoire d’une rescapée du 11 septembre vole en éclats à la suite d’une enquête du New York Times.
Le 11 septembre 2001, Tania Head était en conférence au 96e étage de la tour sud du World Trade Center (WTC) lorsque le premier avion a percuté la tour jumelle. Elle avait immédiatement pensé à Dave, son fiancé, qui travaillait dans ce bâtiment.
Tania avait atteint le 78e étage au moment de l’impact du second appareil. Là, la banquière avait récupéré l’alliance qu’un homme mourant lui avait confiée et avait elle-même été sauvée des flammes par Welles Crowther, un héros qui avait péri dans l’effondrement des bâtiments. Rescapée de l’horreur, la femme avait en revanche dû apprendre à vivre sans Dave, qui n’avait pas réussi à s’en sortir.
Trop beau pour être vrai
Cette histoire, Tania Head l’a racontée des centaines de fois ces six dernières années: aux médias et aux visiteurs qu’elle guidait dans les entrailles de Ground Zero. Elle a rencontré Mike Bloomberg, l’actuel maire de New York, et Rudy Giuliani, son prédécesseur. Elle est aussi devenue présidente du Réseau des survivants du World Trade Center.
Ce qu’elle racontait était tellement gros et beau que personne n’a pensé à vérifier. Mais, intrigué par les multiples lapins que Tania Head lui avait posés, un journaliste du New York Times s’est mis à enquêter sur elle et a découvert de nombreuses zones d’ombre dans son récit. La banque pour laquelle elle prétendait avoir travaillé n’a eu jamais eu d’employé du nom de Tania Head. La famille de Dave, véritable victime des attentats, n’a non plus jamais entendu parler d’elle.
Lors d’une conversation téléphonique avec le journaliste, Tania a déclaré mardi n’avoir rien fait d’illégal et n’avoir jamais perçu le moindre centime du fonds de compensation pour les victimes du 11 septembre. Il n’empêche, elle a engagé un avocat qui se refuse à tout commentaire et a été renvoyée du Réseau des survivants du World Trade Center. S’il s’avère que Tania Head a fabriqué son récit, elle pourra toujours lire ce qu’écrit André Malraux dans La Voie royale: «Tout aventurier est né d’un mythomane».